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Lettres de prisonniers du G20 Hambourg ete 2017(Letters from G20 prisoners Hamburg summer 2017). English or French version..pdf

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Lettres de prisonniers du G20 Hambourg ete 2017


 Debut juillet se tenait le G20 a Hambourg, qui reunissait les chefs d’Etat les plus importants de ce monde pourri. Des centaines de milliers de personnes s’etaient donne rendez-vous dans le but clairement affiche de gacher leur petite sauterie. Des journees et des nuits entieres de manifestations, blocages et emeutes se sont succede a deux pas du lieu ou les plus puissants etaient en train de decider a quelle sauce ils allaient nous manger pendant les douze prochains mois.


 Au cours de ces journes de lutte, le pouvoir a ratisse large, comme cela etait malheureusement previsible puisque deja plusieurs semaines a l’avance il se dotait de dispositifs repressifs tant au niveau des infrastructures (la prison politique en prefa de GESA) qu’au niveau juridique (adoption de nouvelles lois peu avant le G20) destines a frapper quiconque oserait remettre en cause son autorite.


 Ce sont des centaines de personnes qui ont ete arretees et enfermees d’abord a titre ‘preventif’. Puis l’etau s’est finalement resserre autour de cinquante-six personnes de differentes nationalites, mises en examen pour trouble a l’ordre public, violence sur personne depositaire de l’autorite pulique, une d’entre elles pour tentative d’homicide.


 Aujourd’hui, une trentaine de personnes se trouvent encore en detention provisoire, et tout laisse a penser que l’Etat entend bien leur faire payer au prix fort la revolte qui a eu lieu ces jours-la a Hambourg.


 Qu’elles soient coupables ou innocentes, cela nous importe peu... Nous sommes de toute facon solidaires de qui est mis en accusation par le pouvoir d’avoir participe de quelque maniere que ce soit a ce vent de revolte. Ne nous laissons pas prendre a ce piege qui voudrait, par la repression, nous diviser et nous isoler.


Solidarite avec les prisonnier-e-s du G20 ! Liberte pour tou-t-e-s ! 



Letter of Riccardo from the prison of Billwerder, Hamburg. 20.07.2017


 At the moment I am being detained in the prison of Billwerder in Hamburg. I was arrested on Friday 7th July at 7:30pm near Rote Flora.


 I am accused of insulting the State, endangering public security, of having played an active part in a group of fifteen people who challenged the police, in particular attempting to harm a policeman of the Special Unit of Bloomberg intent on carrying out arrests and finding evidence.


 I don’t recognize the dichotomy ‘guilty-not guilty’ proposed by the State’s judicial apparatus.


 What I want to say is that I’m proud and happy to have been there in Hamburg during the uprising against the G20. The joy of experiencing in person the determination of people of all ages from all over the world who haven’t yet given in to the temptation to submit to the logic of money and the capitalist world; this can never be quelled by any form of imprisonment. In an historical epoch in which capitalism is trying to inflict the final blow necessary to its stabilization in a constant oscillation between internal war (special laws, borders closure, deportations) and external war (indiscriminate massacres, destruction and poisoning of Planet Earth), the revolt in Hamburg against the G20 demonstrated what is most important to those who still care about freedom: the possibility of its realization.


 The German police’s technological, physical and tactical efficiency was as impressive and monstrous as it was useless first to neutralize then to repress the need to struggle against the absurd catastrophic global society that the twenty pathetic State Leaders were showing off there so miserably, fortressed in the heart of the city.


 The resigned and the reformists can well say that considering the relations of strength developed in the last decades between power and its subjects, Hamburg was the umpteenth mass experiment to assess the apparatuses of international security. After all that was also said following the G8 in Genoa in 2001.


 Rebels and revolutionaries, however, don’t reckon with conspiracy theories of politics, but with their own feelings and projects. In any case, I think I can say that even if that were the case, the experiment failed totally. In the streets of Hamburg I breathed uncontrolled freedom, active solidarity, the determination to refuse a lethal order imposed by a few waelthy and as many powerful over the rest of humanity.


 No endless rows of cars and composed processions sanctifying the oppressive murderous liturgy of the capitalist system every day. No indistinct masses forced to bow down and sweat for anonymous survival in favour of the wealth of some greedy boss. No thousands of empty gazes aimed at some aseptic display that alienates and deforms our experience of life.


 I saw individuals raise their eyes to the sky and try to grab it.


 I saw women and men give form to their creativity and most repressed dreams.


 I saw the energy of each one intent on lending a hand to others that don’t put themselves above anyone.


 I saw sweat dripping from foreheads to fulfil one’s own desires rather than those of some henchmen. In the moment of revolt no one is ever really alone.


 A strong hug to all the comrades, all the rebels imprisoned by the German State. Passionate greetings to Anna, Marco, Valentina, Sandrone, Danilo, Nicola and Alfredo, the comrades on trial in operation “Scripta Manent” in Italy. To the revolutionaries and rebels imprisoned in jails all over the world. A kiss to Juan. Wherever you are… wherever you are… you’re always with us!


 As long as I’m alive: always against authority! Always with my head held high! Long live the anti-capitalist international!


 For Carlo! For Alexis! For Remi! For freedom!


Riccardo, Prison of Billwerder, Hamburg – 20th July 20 2017

Write to Riccardo : RICCARDO LUPANO

09/06/1985, JVA BILLWERDER, DWEERLANDWEG 100, 22113 HAMBURG – GERMANY



Letter of Riccardo from the prison of Billwerder, Hamburg. 10.08.2017


Salut a toutes et a tous !


 Merci pour la lettre, ca m’a fait plaisir. Moi je suis anarchiste, mais ce texte de Gramsci me plait beaucoup. La prison est le pilastre indispensable de cette societe sans lequel elle s’ecroulerait en une semaine. Certains moments le demontrent. C’est  la que je vois une difference avec Genes (il parle du G8 en 2001). A Hambourg le dispositif policier a echoue. Les tortures perpetrees a Genes ont cree trop de divisions et le pouvoir a pris de la force. Peu importe combien de temps ils nous gardent ici. Nous ne pouvons affronter ce monstre sans nous gardent ici. Nous ne pouvons affronter ce monstre sans nous revolter. En Italie, la tradition (militante) a verse tellement de sang et de larmes qu’on ne peut la decevoir.


Merci encore pour la solidarite. A tete haute.


Riccardo, Prison de Billwerder, Hamburg, 10 aout.



Lettre d’Alessandro. 22.07.2017


Cher(e)s compagnon(ne)s,


 Aujourd’hui j’ai clôturé la dernière barre (IIII) [1]. Vingt journées se sont déjà écoulées depuis que j’ai été lâchement et brutalement pris par les épaules et jeté à terre par l’une des unités spéciales de la police allemande à Hambourg. Une fois arrêté, ils se sont immédiatement dressés contre les nombreuses personnes de la rue, solidaires, qui s’approchaient. Ils ont aussi fait en sorte d’empêcher la communication avec ceux qui regardaient la scène depuis leurs balcons, tandis qu’ils commençaient à me fouiller en jetant toutes mes affaires par terre, dégoûtés de n’avoir rien trouvé à part un classique k-way Quechua, qui par ailleurs était attaché à l’extérieur de mon sac à dos. Énervé, un énergumène de deux mètres est allé jusqu’à récupérer une bouteille et un casque pour essayer de m’extorquer des aveux devant leur caméra.


 C’est à partir de ce moment-là qu’a commencé la valse des camionnettes, la première fouille corporelle dans un commissariat, puis le GeSa, une prison spéciale construite exprès pour le G20 et qui a coûté 5 millions. Il s’agissait d’un vieil entrepôt avec à l’intérieur des containers éclairés uniquement par la lumière artificielle des néons et à l’intérieur de ceux-ci, d’innombrables cellules préfabriquées. Une fois dedans, j’ai d’abord été dénudé totalement, ils ont même contrôlé la couture de mon slip et ils m’ont enlevé ma montre et mon pull, au nom de ma sécurité ; puis on est passé au tour du test d’alcoolémie ; à la fin ils m’ont photographié et deux policiers m’ont conduit en cellule, en me tenant à gauche et à droite et en me pliant les bras derrière le dos (modalité d’accompagnement qu’ils ont, par la suite, utilisé pour chacun de mes déplacements). Avant de m’enfermer dans la cellule, ils m’ont aussi enlevé les chaussures et les lunettes de vue, toujours au nom de ma sécurité. La cellule était sombre, insonorisée, meublée d’un banc en bois extrêmement étroit et un bouton pour les besoins.


 On ne m’a pas laissé appeler un avocat avant environ quatre heures et demi du matin et je n’ai pu le voir que de nombreuses heures après mon appel. À cet endroit, différents abus et pressions psychologiques ont été exercés. Certains d’entre nous ont étés convoqués en audience par le juge sans même qu’on leur concède la présence d’un avocat. Laquelle présence s’est révélée, malgré eux, inutile même aux juges, dans la mesure où leur unique intérêt était de savoir si on avouait ou non notre délit.


 Après de nombreuses heures au GeSa, ils ont commencé les transferts vers la prison. Premier arrêt : Billwerder. J’y suis resté deux/trois heures avant d’être remballé et transporté vers une autre prison, une prison pour mineurs fermée et ré-ouverte seulement pour une dizaine d’entre nous. Cellules individuelles, une heure de promenade et de « socialisation » [2] par jour, les vingt-trois heures restantes enfermés dedans (pour nous concéder davantage, le "chef" devait d’abord s’assurer qu’on le méritait). Ils nous ont finalement permis d’appeler l’avocat au bout de quatre jours et après de continuelles demandes.


 Ayant commencé à libérer des compagnons allemands, au bout de six jour ils nous ont tous ramenés à Billwerder, c’est là que j’ai retrouvé Orazio (j’avais eu connaissance de son arrestation un ou deux jours avant) et connu les autres compagnons italiens ou pas. Ici aussi, après la première nuit dans une aile du bâtiment, ils nous ont transférés le lendemain dans une autre, où l’on se trouve maintenant depuis une dizaine de jours. Durant ce laps de temps, chacun à notre tour, nous avons assisté à la comédie mise en scène pour les demandes de mise en liberté. De jeunes juges, hommes et femmes, avec l’ambition de faire carrière sur notre dos étaient chargés de nous juger. Ils nous ont confirmé les uns après les autres (les internationaux) notre maintien en détention. La tête baissée, pour ne pas croiser nos regards, ils lisaient les verdicts déjà écrits en parfait accord avec le procureur. Dans mon cas en particulier, on n’a même pas pris la peine de me lire les motifs pour lesquels on me refusait le recours, dans la mesure où mon cas était identique au précédent. Et dire qu’en temps "normal", au délit pour lequel nous sommes poursuivi le plus fréquemment, à savoir le jet d’une ou de plusieurs bouteilles, correspond une sanction financière. Mais, certains que nous aurions relevé le défi d’un sommet organisé de façon provocatrice à Hambourg (après que la ville a refusé par référendum l’accueil des Jeux Olympiques), à proximité de quartiers toujours plus résistants et irrépressibles (St Pauli, Altona et Sternschanze), les autorités allemandes ont pris soin d’alourdir les peines.


 La gestion catastrophique "de l’ordre public" menée par Dudde (chef de la police de Hambourg) et ses sbires dans les jours qui ont précédé le sommet, annonçait déjà la couleur sur ce qui serait arrivé pendant. C’est-à-dire lorsque des activistes qui passaient la nuit dans une dizaine de tentes installées dans un camp, qui d’ailleurs était autorisé, ont étés attaqués et matraqués. En tout état de cause, cette attaque injustifiée n’a pas eu l’effet escompté, elle n’a fait peur à personne. Et nous voici arrivés à la journée du 6 juillet, pour laquelle la presse allemande avait annoncé depuis des jours, des mois, l’arrivée du plus gros "black block de l’histoire", à Hambourg la révolte a explosé. Nous étions nombreux à être présents lorsque cet homme de main qu’est Dudde, après nous avoir nerveusement hurlé dessus ces ordres au mégaphone, a attaqué à coups de matraque, de canon à eau et de gaz lacrymogène une manifestation qui n’était pas encore partie. Peut être pensaient-ils, s’imaginaient-ils vraiment que les quinze mille hommes déployés auraient pu réussir à maintenir l’ordre dans les rues de Hambourg.


 Ce qui est arrivé en réalité, vous l’avez tous vu. La violence dont a fait preuve la polizei allemande, qui ne faisait que de dégoupiller les grenades à fragmentation prêtes à exploser à tout moment.


 Et à l’instar des éclats qui giclaient de partout, ce sont autant de foyers de révolte qui se sont embrasés eux aussi un peu partout. Les continuels envahissements de la zone rouge ont réduit les zones protégées et ça a touché les hôtels qui auraient dû accueillir les puissants, contraints de déplacer en hélicoptère et en métropolitain leurs délégations tandis que l’enfer régnait dans le reste de la ville de Hambourg. À chaque tentative de calmer la situation, la colère collective se retournait contre eux.


 Inutile de préciser qu’après la défaite retentissante subie, la polizei a répondu en employant les moyens de répression les plus infâmes : des arrestations en masse, un nombre considérable de check-points dans toutes les villes allemandes et des détentions injustifiées. Aujourd’hui, les données parlent d’environ 35 compagnons en prison et d’une cinquantaine de plaintes pour abus de pouvoir par les hommes de Dudde.


 Avoir participé au G20 de Hambourg est une expérience dont nous porteront la marque pendant longtemps. Pas tellement par rapport à la détention, qui n’a en aucune façon ébranlé nos idéaux, mais plutôt pour la joie d’avoir ruiné la fête des puissants de ce monde, qui derrière les remparts du "développement" et de la démocratie continuent à tuer et à emprisonner tout ceux qui s’opposent à leurs politiques, continuent à décider du sort de la vie de nos frères et de nos sœurs migrants. Convaincus d’avoir raison et avec votre soutien, nous tiendrons bon et ce jusqu’à la fin. Beaucoup de détenus, ces derniers jours, nous demandaient si nous étions là par rapport au G20 et nous répondaient en nous souriant, en nous serrant la main. D’ailleurs qu’est ce qu’un voleur par nécessité sinon une victime de l’évolution des cycles du capital ? Et à quoi servent les prisons si ce n’est à défendre les riches ?


 Complices et solidaires avec les autres camarades détenus dans les prisons du monde entier, proches de ceux qui sacrifient leur vie tous les jours, motivés par les mêmes idéaux. 


 En espérant vous embrasser très vite, le point fermé.


Ale. Le 22/07/2017, prison de Billwerder, Hambourg.


 Ps : aux dirigeants de l’UE, je voudrais leur demander à quoi sert la suprématie du droit européen sur ceux des états qui composent l’union et quelle est l’utilité d’être un citoyen européen si ensuite on observe des inégalités de traitement, s’ils font des problèmes à tes amis qui viennent te visiter en prison parce qu’ils présentent comme pièce d’identité, « seulement » leur carte d’identité et le permis de conduire et qu’on leur demande le passeport.


 Nous, on a déjà trouvé la réponse et depuis déjà pas mal de temps [3].


[1] Il parle du dessin qu’il fait pour tenir le décompte des jours.


[2] Ndlt : En italien socialità : le moment dans la journée où les cellules sont ouvertes et les détenus peuvent se déplacer dans le couloir de leur étage.


[3] Ndlt : Il fait probablement référence au slogan : « La carta è solo carta, la carta brucerà » : le papier est seulement du papier, le papier brûlera.



Letter of a G20 french prisoner in the prison of Billwerder 14.08.2017


 It’s been almost a month and a half since I was imprisoned during the twelfth G20 summit in Hamburg, in a city that was besieged and taken in hostage by the security forces, but which also saw an important local and popular protest.


 Tens of thousands, if not more, flocking from all over Europe, and even beyond, converged, met, organised, debated and demonstrated together for several days in a great surge of solidarity. At all times aware of the possibility of suffering the violence and the repression of the police. A huge prefab police court had been built for the occasion, to punish any dissent against this international summit as quickly as possible.


 My arrest, like that of many comrades, is based only on the sacred word of the police, of a brigade sent to infiltrate, observe and follow their “prey” (during forty-five minutes in my case, for a supposed throwing of a projectile…). Once isolated, they sent colleagues to arrest them, intervening quickly and violently, and leaving no loop-holes. So, here I am, locked up in these places primordial to the proper functioning of a global social order, these places that serve as a tool for the control and management of poverty, essential to the maintenance of their “social peace”. Prison acts like a sword of Damocles hanging above each and every individual so that they are petrified by the idea of deviating from the codes and dictates of an established order: “working, consuming, sleeping”, from which no dominated individual may escape, so they alienate themselves through work and the life that goes with it, to be on time, without ever flinching, and not only during the second round of the presidential elections, where we have been required to be “En Marche” “in operation”, Macron’s slogan and name of the party in power right now or to die, preferably slowly and silently. Since the law has no vocation to guarantee the general interest, nor to be neutral, it is the expression of an increasingly institutional domination by the most powerful in order to guarantee their property and security and thus paralyse, sanction and marginalize anyone who does not see things the same way or who will not submit.


 Beyond the cases of the well-known and supported activists who are locked up, there are also, and above all, those men and women who are exposed to the brutality and the cruelty of imprisonment. Here the work is paid one euro per hour, of which half is accessible only on release from jail. In my wing, detainees in pre-trial detention or for short sentences (six months to four years) are mainly detained only for one reason: their social condition and origin. Apart from the staff, very few are from the host country, all are foreigners, refugees and/or precarious, poor, weakened by life. Their crime: they did not submit to the rules of the game, for the majority by engaging in drugdealing or by committing thefts, scams, alone or in organised gangs at various scales.


 Imprisonment is a fundamental pillar of this system but one can not criticise it without attacking the society that produces it. The prison, not operating in self-sufficiency, is the perfect link in a society based on exploitation, domination and separation in its varied forms. “Work and prison are two essential pillars for social control, work being the better police and rehabilitation a permanent blackmail.”


 My thoughts go to the Italian comrades facing an umpteenth wave of repression, especially those charged in the investigation into the “explosive device” left in front of a bookstore linked to Casapound. The extreme right must face an organised, popular and offensive counterattack. It is so useful and complementary to those states that feed on its security aspirations and delusions and its incessant stigmatization of “foreigners.”


 Thoughts also for the comrades who will face trial next September for the police car burned on the eighteenth of May last year, in Paris, during the movement “loi travail” (labour law) movement. Many people have gone through prison and two are still incarcerated. Strength to them!


 Acknowledgments to the local activists organising rallies in front of our prison, an initiative appreciated here as it breaks the routine and the state of ambient lethargy in which we are alienated. Acknowledgments to all those who support us here and everywhere. 


 To the Bro’, 161, MFC, OVBT, wild youngsters, those who BLF and other friends … Comrades, strength!


Let’s free the G20 prisoners and all the others! We’re not alone!


One imprisoned among others, Billwerder Prison, Hamburg, 14 August 2017



Des rassemblements de solidarite sont organises tous les premiers dimanches de chaque mois devant la prison de Billwerder a Hambourg.


Pour plus d’informations sur les initiatives vous pouvez consulter notamment le suite antirep’ de la legal Team du contre-sommet du G20 :

https://unitedwestand.blackblogs.org


De Hambourg A Paris, Solidarite avec les inculpees du G20. Liberte pour tou-te-s les prisonnier-e-s !



G 20 Hambourg : Lettre d'un détenu. 15.09.2017


 Je suis actuellement incarcéré comme de nombreuses personnes dans une prison allemande suite au déroulement du G20 dans la ville de Hambourg. Je ne me considère pourtant ni victime d'un bug dans la matrice de la justice ou d'une conspiration, encore moins prisonnier politique ; la prison étant une réalité de ce monde normé qui frappe de nombreuses personnes abattues à la chaîne, quotidiennement par les instances juridiques. Je n'idéalise pas davantage mes camarades ici, moi et les militant(e)s incarcéré(e)s en général, comme une « avant-garde de subversifs en puissance » menaçant de renverser imminemment les rapports sociaux actuels.


 A l'échelle carcérale/judiciaire, mon petit cas n'est qu'un fait parmi tant d'autres, auquel je dois m'adapter en l'affrontant, en y faisant face et en déconstruisant un peu cette « culpabilité » qu'ils voudraient me faire avaler. Je n'ai ni fierté ni honte à me retrouver privé de liberté. Mais en tant que concerné, il m'est donné l'occasion de déconstruire le mythe d'une certaine fétichisation de la prison dans les sphères militantes et ainsi la replacer dans un contexte, en associant ma situation à un cadre de répression et d'oppression institué bien plus global qui dirige nos vies.


 Il existe bien une répression spécifique touchant les personnes porteuses d'idées, de projets tendant à remettre en question l'ordre social global mais ça ne peut faire figure d'exception quant à l'ordre normal de ce monde, puisque tant d'hommes et de femmes - en très grande majorité les profils sociaux les plus vulnérables (pauvres, non insérés) - sont attaqués et livrés chaque jour dans le plus grand calme à des juges et autres larbins de l'ordre. Ces cas s'inscrivent dans un ensemble, dans une tellement triste et banale continuité d'une répression quotidienne.


 La revendication de la liberté des « détenus politiques » ne peut être une finalité : elle ne donne pas à entendre cette continuité dans la mesure où les slogans et les discours sont dénués de contenu critique plus large remettant en cause le système qui produit tout ça. C'est notamment ce que la répression cherche à obtenir : la différenciation avec les autres détenus. Nous n'avons pas la même responsabilité collective que, par exemple, des journalistes corporatistes qui exigeraient la libération d'un des leurs d'une prison dans un pays tiers.


 A l'heure où tout ce qui nous entoure est conçu comme outil répressif et de contrôle dans nos sociétés, ces cas n'ont rien de dérives ou d'abus : ils s'inscrivent à vrai dire assez normalement dans ce qu'est l'essence même de la justice, une injustice avec un parti pris. Ce facteur de normalité est important et ne pas rentrer dans le jeu des distinctions initié par la police, la justice et les médias entre les « prisonniers politiques » et ceux de droit commun l'est aussi. En tant qu'individu inquiété et condamné à diverses reprises par la justice, un peu dans un contexte militant mais plus souvent en dehors, il m'apparaît inopportun d'opérer de telles distinctions. Établir un lien entre pourquoi autant de gens sont jetés massivement en prison et les luttes à l'extérieur me semble bien plus pertinent.


 Un des objectifs principaux de la répression est d'individualiser les révoltes dans le but de les réduire à quelques personnes ou sous-groupes, d'isoler ces derniers et leur message, de séparer les militants et les « mouvances » entre elles, de les voir s'épuiser dans des feuilletons politiques où il y a vraiment peu à gagner en monopolisant autant d'attention et de force des militants, et du coup, de les éloigner de leurs préoccupations initiales. De plus, la personnification et l'individualisation ne peuvent pas profiter équitablement au niveau solidarité à des victimes communes de la justice dans une même affaire. Quid également des militants moins entourés et plus isolés ?


 De même, la question innocent/coupable en place publique n'est pas très importante, c'est le taf des avocats ! Le fait d'en parler nous-mêmes légitime indirectement les lois et le droit de ces États, qui sont les vrais générateurs de la violence avec leurs droits basés sur un système d'asservissement toujours plus propice à la dépossession de nos vies. Nous sommes de fait collectivement coupables de nos idées et des actions qui en émanent.


 Certes la prison est une des facettes la plus flagrante et violente de nos sociétés mais le cloisonnement, la séparation et l'enfermement sont dilués plus ou moins subtilement dans l'organisation de nos vies par leur soin et principalement via l'aliénation au travail. Nous vivons déjà dans des prisons sociales où il est difficile de s'extraire du salariat, et lorsque tel est le cas, vous êtes très vite suspectés, coupables.


 Beaucoup choisissent l'illégalité par contrainte, beaucoup de bandits sociaux se sont retrouvés enfermés dans ces lieux pour avoir, d'une manière ou d'une autre, essayé d'organiser leur propre vie en refusant la vie de misère, de précarité et de soumission à des chefs qui leur était destinée. C'est principalement cela que la justice condamne, et non les « délits » particuliers pour lesquels on les sanctionne. Ces gens sont condamnés chaque jour parce qu'ils ne correspondent pas aux critères et/ou ne respectent pas les règles prescrites telles des pilules dès l'enfance.


 Même s'il y a beaucoup de solidarité en prison, je n'idéalise pas non plus les détenus qui n'échappent pas, pour certains, à la reproduction des mêmes mécanismes de contrôle, de domination et de pouvoir tellement mis en avant dans nos sociétés à l'époque du chacun pour soi : ceux sont eux les premières victimes d'une organisation sociale toujours plus abjecte. Et pourtant, une concentration d'autant de marginaux, d'exclus présents en ces lieux pourrait être potentiellement propice à d'autres possibles, mais la pénitentiaire veille et veillera toujours plus à isoler, séparer et opposer les enfermé(e)s.


 Je ne me permettrais pas non plus de minimiser ou de dénigrer les campagnes de solidarité, ce n'est pas mon propos : elles sont essentielles pour les militant(e)s enfermé(e)s, la solidarité coûte énormément en effort et elle est de plus onéreuse. Être soutenu par ses ami(e)s, par des camarades qui se solidarisent sans condition, est important. Un soutien dont je bénéficie et dont je suis entièrement reconnaissant, qui m'est primordial en étant loin des miens et dont j'espère qu'il s'associe à un contexte de conflictualité sociale permanente où les militant(e)s en prison ne seraient pas une exception. D'autant que la solidarité matérielle, morale et affective prend davantage de poids quand la répression qui s'abat dans nos milieux n'isole pas de l'ensemble des rapports d'un système social dont nous sommes bien sûr les parties prenantes. En pratique, ce soutien peut se traduire en n'hésitant pas à filer des sous aux caisses de solidarité permanente de vos villes.


 Ils nous dominent et nous gouvernent par la peur mais l'antagonisme, la révolte et la rage se manifestent chaque jour dans bien des lieux. Donnons plus de consistance à la solidarité en ne nous repliant pas sur nous-mêmes, en nous démarquant de ces étiquettes policières et médiatiques qu'on nous attribue, qui nous font croire être une menace alors qu'on ne l'est pas réellement. Ne perpétuons pas ces séparations en nous conformant à la rhétorique et de ces États et de leurs alliés ventriloques : les médias. Nous n'avons rien à y gagner en nous y enfermant. La solidarité reste l'inverse de l'isolement.


 Force à tou(te)s mes camarades enfermé(e)s ici, aux « détenus politiques » et tous les autres.


 Merci à la Legal Team et à ceux/celles qui soutiennent.


Un détenu parmi d'autres. Le 15 septembre 2017, Hambourg.


Prisonnier Politique ? Risque du <<Prisonnierisme>>. Contribution au debat sur la solidarite.

posted by macrondemission